Histoire de la ferme

La Ferme d’Emilie se situe sur l’île d’Yeu où nous élevons des moutons pour la viande d’agneau. Le troupeau compte aujourd’hui 180 brebis . L’activité d’élevage est complétée par la culture de fruits rouges et de plantes aromatiques

La ferme en quelques lignes

  • Troupeau : 180 brebis de race solognote
  • Fruits : Framboises, fraises, tayberry, cassis, groseilles, caseilles…
  • Surface élevage: 60ha
  • Surface fruits rouges : 0.6 ha
  • Vente directe : marché, à la ferme
  • Restauration à la ferme
  • Laine : artisanat, écheveaux, articles en laine, peaux de mouton
  • Agriculture biologique
  • Permaculture

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Le contexte insulaire: une agriculture contre vents et marées

Mes parents, Gérard et Marie-Anne, s’étaient installés sur l’île dans les années 75 avec un troupeau de 300 brebis vendéennes. A l’époque c’était un pari assez important car, sur une île de pêcheurs, personne ne croyait vraiment au potentiel de l’agriculture. Pourtant l’île d’Yeu a pendant longtemps été très agricole. Durant plusieurs siècles, elle a été couverte de champs de céréales (blé et orge principalement). L’élevage était également très présent. C’est avec l’essor de la pêche, après la première guerre mondiale, que l’île a commencé à délaisser les terres. Le deuxième coup dur pour l’agriculture a été l’explosion de l’activité touristique, et les terres ont alors été vendues pour la construction.
Quand mes parents sont arrivés sur l’île, dans ce contexte, il n’y avait donc pas assez de prairies pour nourrir le troupeau. Ils ont commencé par transhumer autour de l’île avec leur moutons puis, petit à petit, ils ont défriché des parcelles. Dans les années 80, l’élevage a été complété par du maraîchage pour sauver la ferme d’une situation économique fragile à cause de la concurrence de l’agneau de Nouvelle Zélande.  A partir de là, c’est le maraîchage qui faisait bouillir la marmite et l’élevage est resté une passion que mon père a conservé, avec un troupeau réduit; dans un soucis de maintenir sur l’île une mosaïque de paysages et une plus grande biodiversité.

2011, reprise de la ferme familiale

Au départ à la retraite de mes parents en 2010, mon frère a conservé la ferme et les cultures. Mon mari et moi avons décidé en 2011 de reprendre le troupeau de brebis vendéennes. Il n’était pas envisageable de voir disparaître le dernier élevage de moutons de l’île. C’était une décision importante, un projet de vie familial, puisque nous vivions à Nantes à l’époque.
Nous élevons donc aujourd’hui des moutons en agriculture biologique sur l’île d’Yeu, avec comme productions complémentaires des fruits rouges et plantes aromatiques que nous transformons sur la ferme.
Loin de l’agriculture conventionnelle, nous prônons une agriculture de qualité et de proximité, saine et respectueuse de l’environnement avec un attachement particulier au bien être animal. Nous travaillons en permaculture notamment sur les fruits rouges et aromatiques. La permaculture repose sur des principes d’écologie et des savoirs faire traditionnels pour reproduire la diversité et la stabilité des écosystèmes naturels. Je me suis formée à cette technique chez mes amis Charles et Perrine, à l’Ecole de permaculture du Bec Hellouin.

 

Ce qui a été réalisé sur la ferme

Pour lancer une ferme viable économiquement, il fallait augmenter la taille du troupeau, construire une bergerie pour les périodes de mise bas, compléter l’activité par la culture de fruits rouges et imaginer la valorisation de tous ces produits en circuits courts.
L’élevage
Nous avons  agrandi le cheptel en accueillant une soixantaine d’agnelles solognotes, une race menacée de disparition, il n’en reste plus que 3000 dans le monde ! Nous avons construit une bergerie en bois en 2011, pour accueillir le troupeau pendant la période des mises bas. La ferme compte aujourd’hui 180 brebis dont 140 brebis de race solognotes. De plus, c’est une race qui est réputée pour la qualité de sa viande. Elle s’accommode de végétation pauvre et ligneuse ce qui permet de lutter contre l’enfrichement. Le troupeau pâture ainsi sur les zones naturelles de l’île, en convention avec le conseil général de Vendée. Elevés au grand large, les agneaux de la ferme sont reconnus pour leur saveur unique, due à la flore variée de l’île.
Les fruits rouges et aromatiques
En 2012, la foncière Terre de Liens est intervenue sur l’île, grâce à la participation de nombreux contributeurs, pour l’acquisition d’une première  parcelle agricole sur laquelle nous avons pu installé des plantations pérennes. Aujourd’hui nous y cultivons sur buttes permanente nos fruits rouges: cassis, caseille, groseilles, tayberry, framboise, fraises… Nous associons les plantes pour créer des interactions bénéfiques comme dans les écosystèmes naturels. Ainsi, parmi nos plantations de fruits rouges, nous avons installé des plantes aromatiques. Sur le principe de la permaculture, ces associations de plantes permettent d’éviter certaines maladies et l’attaque des nuisibles. Nous avons planté de la menthe, de la mélisse, du thym, de la sarriette, de l’aneth, de la sauge, des soucis et des bleuets.
Ateliers de transformation
En 2015, nous avons construit notre « labo » pour transformer les fruits rouges en confitures, sorbets , coulis et les plantes aromatiques en gelées, sirops.  En 2016, nous avons mis en place un séchoir en bois pour améliorer notre production de tisanes.
Valorisation de la laine, sous produit de l’élevage
Nombre d’éleveurs jettent la laine du troupeau estimant que sa vente n’est pas intéressante. Effectivement les toisons sont achetées à un prix dérisoire aux éleveurs. Sur l’île, avec le coût supplémentaire lié au transport par bateau, la vente de la laine brute n’était donc pas envisageable. Pourtant je ne me résignais pas à devoir jeter une matière si noble. J’ai donc décidé de valoriser les toisons en maîtrisant le circuit de transformation et en proposant ensuite bonnets, mitaines, pulls … tricotés avec notre laine. Après la tonte du printemps, la laine est donc lavée, cardée puis filée dans une des dernières filatures de France. La filière laine est très menacée en France puisque 90% de la laine française est traitée en Chine puis revient en France… Je suis donc particulièrement attachée à mes tricots made in France et made in l’Ile d’Yeu!!

Le hangar à fourrage
Il faut compter en moyenne une botte de foin par brebis et par an. Nous récoltons sur l’île entre 150 et 200 bottes de foin en fonction des années et de la météo. Ce qui représente beaucoup de travail entre mai et juin. Certaines années, nous n’avons pas assez de fourrage et alors il faut en acheter du continent. Cela devient plus compliqué, forcément. Notre objectif est d’atteindre l’autonomie en foin sur la ferme. Ce qui implique de conserver à tout prix ce précieux aliment, gage de la bonne santé de notre troupeau. Jusqu’en 2016, nous avons stocké notre foin sous bâche mais trop souvent, à cause des tempêtes, notre bâche s’envolait, le foin prenait l’eau. Pour stocker le foin et le matériel de fenaison, un hangar a été construit à côté de la bergerie. Nous avons fait appel à l’économie solidaire pour la construction de notre hangar à fourrage, grâce à un financement participatif via la plateforme Blue bees.

Nous remercions tous les contributeurs Terres de liens et Blue bees